Une de nos athlètes handi, Lucie Jarrige, a encore brillé hier soir en remportant la première coupe du Monde handi (paraclimbing) de la saison à Innsbruck en Autriche. Notre triple championne du Monde (catégorie amputée jambes) remporte haut la main cette compétition qui réunit pour la première fois en un seul lieu, une coupe de Monde de bloc, de difficulté, paraclimbing et une coupe d'Europe de vitesse ! C'est déjà sa 4ème victoire en coupe du Monde ! Bravo aussi aux 4 autres français handi qui comme Lucie (2ème en partant de la gauche sur la photo) ont réussi à décrocher l'or ce soir ! Retour avec l'intéressée :
- Peux-tu te présenter pour les adhérents qui ne te connaissent pas ?
Lucie Jarrige, 30 ans, amputée fémorale gauche suite à un cancer des os a l'âge de 15 ans. Je commence l'escalade en 2013 (je faisais de la natation avant). Triple championne du monde (Bercy 2016, Innsbruck 2018, Briançon 2019) et quatre victoires en coupes du monde (Innsbruck 2021, Briançon 2018, Sheffield 2016 et 2017 je crois...). Vie professionnelle : chargée de recherche CNRS, en chimie, a l'école nationale supérieure de chimie de Rennes depuis novembre 2020.
Je vis donc a Rennes depuis...de retour d'un post-doc de 24 mois effectué en Allemagne (Marburg) après avoir soutenu ma thèse a l'Université Paris Sud en juillet 2018. J'ai vécu a Massy de 2012 a 2018 pour mon Master et ma thèse, d'où mon appartenance au club de Massy auquel je suis restée profondément attachée...
Originaire du Sud-Ouest, lot et Garonne et plus particulièrement du petit village de Monflanquin où vivent toujours mes parents.
- Comment s'est passé ce retour à la compétition après cette longue période sans rassemblement ? Décris tes sensations pendant les tours ?
je dois avouer que retour a la compèt' était assez difficile à appréhender. Après presque deux ans sans compétition pour les handi (la dernière étant en juillet 2019 avec les championnats du monde a Briançon), il a fallu retrouver ces repères, notamment en termes de timing d'échauffement, de gestion de l'événement et de la pression, stress etc.
Je n'ai pas ressenti le stress pour les qualifications, j'avais juste très envie de grimper et surtout d'évaluer le niveau de mes concurrentes après cette longue absence. Pour la finale, en revanche, j'étais vraiment stressée avec beaucoup de pression avec presque le sentiment que c'était ma première finale.
- Comment s'est passée la période Covid en Allemagne puis à Rennes ? Tu as réussi à continuer à t'entrainer ? Comment ?
Je vivais encore en Allemagne lors de la première vague de Covid... Bien qu'il n'y ai pas eu de confinement à proprement parlé la bas, les salles d'escalade ont tout de même fermé ce qui signifie qu'il m'a fallu créer un autre modèle d'entraînement basé sur le gainage / les abdos / la musculation et la marche à pied. Et cela s'est révélé efficace puisque les salles ayant réouvert dès le mois de juin, j'ai eu le plaisir (soulagement) de constater que mon niveau technique n'avait pas été impacté par cet arrêt de trois mois. En octobre 2020, je suis revenue en France pour mon nouveau travail à Rennes et me retrouve dans la même situation qu'en mars dernier avec toutes les salles fermées... Cette fois, après un mois d'adaptation à la nouvelle vie / nouveau boulot / nouvelle ville sans grimpe, j'ai contacté les clubs et mairies afin d'obtenir des dérogations pour pouvoir grimper et cela a plutôt bien marché puisque j'ai pu reprendre un entraînement d'escalade à partir de décembre 2020, et de possibilités d'entraînement tous les jours depuis janvier 2021...
- Dans le résultats de la coupe du Monde, tu apparais en catégorie RP3 (force, stabilité ou amplitude limitée), la fédération internationale a effectué un regroupement de catégories sur cette compétition ? Tu grimpes sans prothèse sur un seul pied, peux-tu expliquer comment t'entraines-tu spécifiquement par rapport à ton handicap ?
Je grimpe toujours sans prothèse, juste avec une seule jambe par soucis de poids, de mobilité sur le mur, multiplicité de mouvements possibles...
Mon entraînement spécifique dû à la perte de la jambe consiste en une compensation par la partie supérieure du corps donc au niveau des bras: tractions, pompes et pan Güllich, beaucoup de musculation donc.
Le regroupement de catégories a été décidé sur cette compétition car il n'y avait pas assez de grimpeuses dans ma catégorie d'origine (amputée jambe, AL2). Si moins de quatre grimpeurs (en coupe du monde, six en championnat du monde), nous sommes regroupées avec la catégorie d'au dessus donc les RP3. A Innsbruck, trois catégories étaient fusionnées : RP2, RP3, et AL2 pour un total de 9 grimpeuses.
- Quels sont tes objectifs pour la suite de la saison ?
Briançon dans trois semaines (2eme étape de la coupe du monde, le 15 juillet), puis les championnats du monde en septembre (du 15 au 22 à Moscou) où, on ne va se le cacher, je compte bien remporter moi quatrième titre mondial !
Revivez la finale de Lucie Jarrige à Innsbruck hier soir dans la vidéo ci-dessous. Son run est à 2:10:50 !
Résultats complets
